Focus
Baromètre Covid-TPE du SDI – Décembre 2020
Trois quarts des professionnels mécontents de l’action du gouvernement
Cette absence d’évolution positive de l’opinion des artisans, commerçants, professionnels indépendants et dirigeants de TPE par rapport à l’enquête du SDI réalisée durant le confinement le 10 novembre 2020 est parfaitement représentative des remontées terrain indiquant que la volonté essentielle des professionnels est de travailler.
Une politique sanitaire incompréhensible
La raison essentielle de ce mécontentement relève d’une absence d’adhésion (52% d’opinion négative contre 13% d’opinion positive et 35% neutre) à la logique sanitaire suivie par le gouvernement à l’égard des commerces de proximité. Alors que les consommateurs se pressaient dans les grandes surfaces et les salariés dans les transports en commun, la fermeture des commerces dits « non-essentiels » et dès lors désignés (à tort) comme principaux vecteurs de la pandémie, ne passe pas.
Une baisse de chiffre d’affaires en 2020 pour 85% des TPE
Une baisse de CA constatée par une écrasante majorité de TPE, fermées ou non
Dans le détail, si les entreprises du secteur CHR sont les plus touchées par des baisses de chiffres d’affaires sur l’année 2020 (96% des entreprises), celles qui ont subi les deux confinements les suivent de très près (87%), lorsque 67% des activités dont l’ouverture était autorisée enregistrent elles-mêmes une baisse d’activité.
Il n’est pas rare de constater des baisses de chiffres d’affaires supérieures ou égales à plus de 50% sur l’année, certes plus particulièrement parmi les entreprises du secteur CHR, mais aussi parmi des entreprises délaissées par les pouvoirs publics en raison de leurs capacités supposées à exercer normalement leur activité.
Une activité « ouverte » n’est pas nécessairement une activité dont le CA s’est maintenu
Il est important de souligner que, parmi les TPE, une activité « ouverte » n’est pas nécessairement une activité florissante. Ainsi, si la grande distribution alimentaire a vu son CA progresser, tout l’alimentaire n’a pas connu cette même fortune.
Durant le second trimestre 2020, les boulangeries-pâtisseries ont par exemple perdu en moyenne 9% de CA. Cet élément peut par exemple s’expliquer en raison des liens entre ces activités et la fermeture des professionnels de la restauration. De même, la carrosserie et la réparation automobile ont perdu 21% de CA, au même niveau que les professionnels du bâtiment (plomberie, plâtrerie, peinture,…). C’est en l’occurrence le confinement qui a asséché la clientèle de ces professions.
Au-delà du secteur CHR, une activité fermée est nécessairement une activité qui est en perte de CA, dans des proportions parfois catastrophiques. Toujours sur la base du T2 2020, il est possible de citer dans cette catégorie les activités suivantes :
Équipement de la personne : -36%
Équipement de la maison : -17%
Bijouterie : -29%
Parfumerie : -38%
Esthétique : -38%
Coiffure : -31,4%
Des situations de trésorerie très tendues dans toutes les catégories
90% des entreprises du secteur CHR font état d’une situation de trésorerie difficile à catastrophique
Pour le CHR, 52% estiment leur situation comme difficile lorsque 23% la jugent très difficile et 15% catastrophique.
Parmi ces entreprises, seules 10% disposent d’une trésorerie jugée suffisante.
70% des entreprises des secteurs confinés hors CHR font état d’une situation de trésorerie difficile à catastrophique
Les entreprises ayant connu un confinement estiment à 51% leur situation de trésorerie comme difficile.
Pour leur part, 19% l’estiment très difficile voire catastrophique, lorsque seules 30% l’estiment suffisante.
42% des entreprises des secteurs ouverts font état d’une situation de trésorerie difficile à catastrophique
Pour les entreprises ayant pu continuer à exercer leur activité, 58% estiment que l’état de leur trésorerie est satisfaisant. 30% l’estiment difficile et 12% très difficile voire catastrophique.
Les revendications des indépendants et dirigeants de TPE
82% des artisans, commerçants et dirigeants de TPE demandent le prolongement du fonds de solidarité
Quelle que soit leur situation (activités obligatoirement fermées hors secteurs renforcés ou activités ouvertes), le maintien du fonds de solidarité au-delà du 31/12/2020 et plus particulièrement jusqu’au 30/06/2021 constitue une revendication forte de l’ensemble des professionnels.
Comme nous l’avons vu à la lumière des baisses de CA déclarées (hors secteurs renforcés), cette demande relève plus du filet de sécurité minimal que d’un véritable accès à une aide, dès lors que le seuil fixé reste à hauteur d’une baisse de CA au moins égale à 50%.
Ainsi, pour le mois de novembre, seules 14% des entreprises restées ouvertes indiquent qu’elles ont accès au FDS, jusqu’à 1.500€ dans 76% des cas.
La suppression de la CFE : deuxième demande forte (54%)
La CFE est la taxe la plus décriée parmi les professionnels et dirigeants de TPE.
Sa suppression, ou à tout le moins sa forte diminution, permettrait aux communes et communautés de communes de participer au soutien des TPE, au constat notamment que l’absence totale de compétence économique (dévolue aux Régions) interdit à ces collectivités toute forme de soutien direct à leurs commerces de proximité.
Deux tiers des professionnels se disent moralement épuisés
Fatigue, stress, incertitude, manque de visibilité, paupérisation, manque de considération, annulation d’investissements considérés comme déterminants sont les principaux maux évoqués par les professionnels interrogés.
Le moral est d’autant plus en berne lorsque, malgré leur situation, les professionnels n’ont pas accès aux aides qui leur sont en principe destinées. Le fonds de solidarité comporte en effet des obstacles et trappes pour 10% à 12% des entreprises interrogées.